Shein, le géant chinois de la fast-fashion, a fait une incursion remarquée à Paris… Une file d’attente de plusieurs centaines de mètres devant la boutique éphémère lors de son ouverture (du 5 au 8 mai 2023) dans la capitale.
Cette enseigne chinoise au succès planétaire propose des vêtements neufs à bas coût. Tee-shirt à deux euros, robes à sept euros… Tous les jours, le site met en ligne 6000 nouveaux articles, soit plus de quatre par minute.
Mais ce modèle a des conséquences désastreuses…
Les vêtements sont fabriqués principalement en Chine, où la marque est accusée de participer à l’exploitation des populations Ouïghours, opprimées par le régime chinois.
L’impact environnemental est lui aussi catastrophique. La fabrication de ces vêtements à prix cassés implique, entre autres, l’utilisation de nombreux produits toxiques. A tel point qu’un risque pèse sur la santé des acheteurs.
Greenpeace a fait analyser 47 produits vendus par Shein l’année dernière
Dans 32% d’entre eux, le laboratoire a trouvé des produits chimiques dangereux en quantité inquiétante. Et dans 15% des vêtements analysés, ces produits chimiques dépassaient même les limites fixées par la réglementation européenne. Et on ne parle pas de petits dépassements.
Par exemple, les phtalates, des composés chimiques utilisés pour rendre le plastique plus résistant et reconnus comme perturbateurs endocriniens. Eh bien le laboratoire en a trouvé en quantité hallucinante dans des chaussures vendues par Shein : entre 100 fois et 600 fois au-dessus des limites européennes.
Le géant chinois pèse également lourd en termes d’émission de gaz à effet de serre puisque ses produits sont expédiés à travers le monde. A tel point que selon une étude publiée en 2022, Shein représente à lui tout seul près d’un quart des émissions de Co2 des adolescentes françaises.
Malgré tout, l’entreprise continue de gagner des parts de marché en France
On peut se poser la question : faut-il laisser faire ?
Faut-il autoriser un géant industriel chinois à vendre librement ses produits en Europe, alors qu’ils sont fabriqués dans des conditions qui sont illégales en Europe ? Les fabricants européens, qui respectent la réglementation, ne peuvent évidemment pas lutter contre ce rouleau compresseur. Et le problème ne concerne pas que Shein, mais toutes les enseignes de fast-fashion, qui inondent le marché de produits peu chers et de mauvaise qualité. Selon l’agence européenne de l’environnement, la quantité de vêtements achetés dans l’UE a quasiment doublé entre 1996 et 2012, alors que nous portons nos habits 36% moins longtemps aujourd’hui qu’il y a quinze ans.
Résultats : des quantités astronomiques de vêtements usagés, portés à peine quelques mois, sont brûlés ou exportés en Afrique, où ils finissent en partie dans des décharges ou dans l’océan.
Je l’ai vu de mes propres yeux au Ghana, où des boules d’habits portés par les européens s’amoncèlent sur les plages et étouffent les animaux marins. Quand un tee-shirt est vendu 2 euros, il y a forcément quelqu’un qui paye l’addition.
Hugo Clément Journaliste