La fleur française, un marché florissant !
Si comme l’immense majorité des français, vous pensez que les fleurs sont cultivées uniquement loin de notre cher territoire et pour s’éloigner des préjugés sur le marché de la fleur coupée, nous avons pensé qu’il était temps d’en finir avec ces croyances et de le faire savoir.
Dans les années 70, « un inconnu pouvait vous offrir des fleurs »
La culture de la fleur a connu son apogée dans les années 70. Elevées sous serres, les fleurs bénéficiaient d’une production de chaleur à bon marché par le biais de chaudières fonctionnant à l’énergie fossile. Le choc pétrolier vint modifier la donne, l’explosion des coûts de l’énergie (déjà à l’époque) a mis à mal la culture de la fleur coupée en France. Le manque d’organisation de la filière n’a pas permis d’appréhender cet épisode désastreux et surtout n’a pas permis aux différents acteurs de traverser la tourmente. Ainsi les producteurs sont passés de 8000 à 500 en l’espace de 3 décennies.
Du Kérosène dans le vase
Nous nous retrouvons dans les années 2000, avec un marché, à quelques exceptions près, totalement tributaire des importations. L’Amérique du sud avec l’Equateur (Plus grand producteur de roses dans les années 80, en dépit de toute considération de santé publique et d’environnement, et dépassée depuis par la Colombie), la Colombie avec ses roses, œillets et chrysanthèmes, l’Afrique avec le Kénya et l’Ethiopie et leurs immenses fermes floricoles. Ces fleurs, si belles soient- elles, transportées par avion, ont malgré tout un petit parfum de kérosène. Puis plus proche de nous, la Hollande et ses tulipes. La Hollande qui comme la France a subi le choc pétrolier, mais mieux organisée à l’époque, la filière hollandaise a su bénéficier d’aides de la part de son gouvernement et faire perdurer ses cultures jusqu’alors, et surtout s’imposer comme le pays de transit et de négoce sur le sol européen.
Nos actes d’achat déconnectés des réalités de production ont fait la part belle à ces productions. Et pourtant, chaque variété de fleurs comme les légumes ont leur saisonnalité. L’exemple le plus parlant est celui des roses de la saint Valentin. Sous nos latitudes, le mois de Février n’est évidemment pas celui où les roses sont en fleurs. Le marché mondial de la fleur fraîche se compte aujourd’hui en plusieurs dizaines de Milliards de dollars.
2017, le renouveau de la fleur française
Et puis, comme tout est cyclique sur terre, et dans la terre, en 2017 le renouveau est venu en partie d’une agricultrice Hélène Taquet. Inspirée par un mouvement outre Atlantique, elle décide de créer l’association « Le collectif de la fleur française » dont le but est bien de faire redécouvrir les productions locales et encourager les achats de fleurs en fonction de leurs saisonnalités. Hélène Taquet prodigue des conseils sur son site popfleurs. Tout comme les productions locales de fruits et de légumes, la filière fleurs s’est organisée. La plateforme fleurs d’ici fait le lien entre les fermes floricoles et les fleuristes. Une parfaite organisation est nécessaire, les fleurs produites en France ne sont pas « botoxés » pour reprendre l’expression, comprenez que les conservateurs ne sont pas utilisés, il faut aller vite entre la coupe et la présence dans les échoppes.
Alors certes, le fait de ne pas utiliser d’artifices pour maintenir les fleurs parfaitement droites pendant des jours, a ses compromissions, la fleur française de saison, peut avoir quelques imperfections, se courber légèrement, mais c’est grâce à l’acceptation et aux prises de conscience des consommateurs que la filière tout entière se redressera. En appui des engagements, le label « fleurs de France » garantit une production française. A travers cette distinction les floriculteurs et pépiniéristes convergent vers une production vertueuse et surtout pérennisent des emplois en France.
Un tremplin nommé, covid
Comme un accélérateur de croissance, et paradoxalement, la période de confinement, et la chute des importations, ont permis aux fleuristes de redécouvrir les productions locales. Les consommateurs eux aussi ont été sensibilisés et depuis la demande explose. Il reste encore beaucoup de chemins à parcourir, l’histoire se réécrit doucement mais la tendance est là. Une ferme floricole s’installerait chaque semaine. Tout comme l’agriculture, le travail est exigeant, mais l’installation ne nécessite pas de grands espaces pour être rentable. Cette culture est une alternative à l’exploitation de petites parcelles, pas toujours intéressante pour l’agriculture traditionnelle, mais assurément rentable pour la production de fleurs.
Avec la reprise économique, l’engouement pour la fleur française demeure, bénéficiant de l’augmentation des coûts du fret, et d’une qualité de fleur toujours plus saine, la compétitivité s’équilibre. D’ailleurs ces atouts motivent de grands groupes hôteliers ainsi que des maisons de luxe qui exigent pour leurs besoins en fleurs fraîches des fleurs françaises. Le marketing joue en faveur de la production française, mais qui s’en plaindra?